La voyance ou la contrebande du sacré
9 avril 2002 - Marc-Antoine BerthodLa crise des organisations religieuses n’entraîne pas la perte du sentiment intime voué au divin et entretenu par des expériences de ‘communions mystiques’ plus ou moins intenses. Comme le faisait remarquer l’anthropologue Roger Bastide, notre société occidentale s’attacherait à désagréger les formes domestiquées et instituées du sacré ‘pour faire jaillir, par en dessous, le sacré sauvage et toute sa furie’. Ainsi, la recherche de manifestations corporelles volontaires comme l’extase ou la transe et des états psychiques comme le rêve ou l’hypnose favoriserait l’accès à ces zones énigmatiques, associées à la sémantique du sacré et soumises au contrôle strict, jusqu’à nos jours encore, des autorités sacerdotales: le spiritisme, le pentecôtisme ou la possession médiumnique n’est sont que quelques illustrations. Cet article s’intéresse par conséquent à la voyance contemporaine et l’associe à une forme d’expérimentation instituante du ‘sacré’. Il montre dans quelle mesure ces formes d’expérimentation peuvent être assimilées à une démarche explicite de réalisation de soi, produisant un sentiment de compréhension, de bien-être ou de connaissance.
Berthod, Marc-Antoine, 2002, « La voyance ou la contrebande du sacré », in Châtel V. & Soulet M.-H., Faire face et s’en sortir. Vol. 2: agir en situation de vulnérabilité, Fribourg: Presses universitaires de Fribourg, pp. 161-168.
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