Mort et vif : penser le statut paradoxal des défunts
5 mai 2007 - Marc-Antoine BerthodIn Chappaz S., Monsutti A., Schinz O. (éds.), 2007, Entre ordre et subversion. Logiques, alternatives, écarts, paradoxes, Paris : Karthala, pp. 189-201.
Lors de la préparation de ce texte, je me suis laissé amuser par quelques objets en plastique qui faisaient partie de l’attirail décoratif d’Halloween. En divers lieux, on avait, à l’aide d’une corde, pendu un squelette. L’action qui consiste à ‘pendre un mort’ paraît une complète aberration. Vaine et futile, elle signale pourtant un principe fondamental que les vivants mettent collectivement en œuvre afin de faire face à la perte d’un proche : ‘tuer le mort’. Cette action paradoxale sert à articuler le monde des vivants et le monde des défunts ; elle permet de configurer l’ordre de la mort. Pour soutenir cette idée, je retrace dans cet article quelques éléments théoriques relatifs au ‘passage’ de vie à trépas, avant de développer deux exemples – le premier est emprunté à la littérature fantastique et le second, issu d’une séance de divination – où les défunts, refusant d’endosser leur statut, sont la cible de cette action paradoxale. A travers ces exemples, je questionne la façon dont notre rapport à la mort se construit et propose de considérer les croyances qui s’y rattachent comme une ouverture temporaire des possibles.
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