Un retour de la catastrophe sur la scène scientifique ? Enjeux et débats
7 mai 2015 - Gaëlle ClavandierGaëlle Clavandier, 2015, in Communications, ‘Vivre la catastrophe’, n°96, Editions du Seuil, p. 93-105.
Depuis une quinzaine d’années, dans un paysage scientifique marqué par le risque, les travaux de recherche sur les catastrophes se multiplient. Ils défendent principalement deux approches : l’une empirique, vise à décrire et documenter les situations de catastrophe, l’autre plus théorique, envisage la catastrophe comme un analyseur des sociétés contemporaines. Malgré tout, l’éparpillement des productions, comme la spécificité de l’objet catastrophe, font débat. Peut-on produire un discours scientifique sur les catastrophes ? La catastrophe est-elle un nouveau paradigme venant concurrencer celui du risque ? Si, oui, cela impliquerait-il de changer de modèle de société ? Ces questions certes légitimes, se situent à un tel niveau d’abstraction qu’elles écartent la plupart du temps la question du terrain, faisant passer au second plan le caractère heuristique de cette démarche.
For about fifteen years, in a scientific landscape marked by risk, research has increasingly being dealing with the topic of disasters. There are mainly two approaches: one, empirical, aims at describing and documenting situations of disasters; the other, more theoretical one, construes disasters as entry points to analyse contemporary societies. Nevertheless, the scattering of scientific productions as well as the specificity of disaster envisioned as a topic of study are in question. Can we produce a scientific discourse about disasters? Is the disaster a new paradigm that competes with the paradigm of risk? If it does, would it imply a change of our social model? These questions, certainly legitimate, are situated at such a level of abstraction that most of the time they don’t take into account the questions that emerge from their own field, thus overshadowing the heuristic character of this research.
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