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La mort dans les séries télévisées. Reconsidérer le paradigme du déni social de la mort

Table-ronde  : « Représentations médiatiques contemporaines de la mort« , coordonnée et organisée par P. Moulin Université de Lorraine (Metz) & CESP, Unité 1018, INSERM (Kremlin-Bicêtre)

13ème Conférence Internationale sur les Représentations Sociales – Marseille 2016

Dans un contexte français fortement imprégné des thèses du déni social de la mort, les séries télévisées participent au contraire à la mise en représentation (scène) de la mort dans l’espace public. En ce sens, l’hypothèse défendue ici est la suivante : tout comme les contes pour enfant, les séries télévisées agissent comme des univers de sens proposés à ceux qui les regardent et contribuent à lénifier leurs angoisses liées à la mort.

Par le visionnage et l’analyse de plus d’une vingtaine de séries les plus regardées, nous avons pu identifier plusieurs figures contemporaines de la mort: les médecins légistes/policiers, le serial killer, les médecins et l’hôpital, les pompes funèbres, les médiums, les vampires et les morts vivants. Les médecins légistes et les experts scientifiques nous parlent de mort violente, brutale, telle qu’on peut la ressentir aujourd’hui lors de la perte d’un proche. L’hôpital et la salle d’autopsie apparaissent comme des lieux où la mort peut être mise en discours. Des lieux et des personnes représentant certes une société scientifique et technicienne, mais qui par ailleurs, ne peut s’empêcher de questionner la mort.

Rappelant sans cesse au téléspectateur sa propre finitude, les séries télévisées sont de véritables memento mori contemporains. À l’instar de Six Feet Under, Urgences, Grey Anatomy ou Game of Thrones, les séries télévisées s’abreuvent du pouvoir que représente la mort. Beaucoup de leurs scénarios sont construits comme des ultimatums faisant écho à une véritable course contre la mort (24 Heures Chrono, FBI Portés Disparus, Dr House). La mort est également un ressort narratif très puissant puisqu’en sacrifiant un des seconds rôles, voire un des principaux, les scénaristes s’assurent ainsi plusieurs épisodes où l’on observe les survivants réagir à la perte. La mort brutale est aussi utilisée pour signifier le sentiment d’un accident et d’un événement exceptionnel, ressenti à chaque fois qu’elle survient. Elle est enfin souvent mise en scène comme une énigme posée aux vivants qu’ils vont résoudre par une enquête (Les experts, Bones, Cold Case).

Les séries télévisées témoignent ainsi de sociétés occidentales friandes de mises en scène et de récit au sujet de la mort. Elles sont de véritables tentatives de mise en sens de la mort adressées aux téléspectateurs et leur analyse confirme le besoin de reconsidérer le paradigme du déni social de la mort.

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